Susan Soba, nouvelle directrice générale de l'IRT
Son parcours
Originaire de Saint-André, Susan Soba a 15 ans lorsqu'elle quitte La Réunion pour se rendre en France métropolitaine. La jeune Réunionnaise termine son lycée à Bordeaux. Le bac en poche, elle effectue deux années de classe préparatoire au concours des grandes écoles. Elle sort diplômée d'une école supérieure de commerce de Lille où elle suit une formation de gestion d'entreprise avec une spécialité en ressources humaines et en gestion de projet.
Elle démarre sa carrière en 2009, à la Fédération Nationale de l'Aviation Marchande (FNAM), dont la direction des affaires sociales portait un projet Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) visant à respecter les principes du développement durable. Attachée aux enjeux de responsabilité et d’éthique, Susan Soba construit un observatoire des pratiques sociales des compagnies aériennes. Elle y découvre "un secteur passionnant" : celui des organisations patronales, écosystème peu classique pour une jeune diplômée.
A 26 ans, l'envie d'être sur le terrain se fait ressentir. "J'ai voulu repartir assez rapidement en entreprise. J'avais envie d'être davantage encore dans l'action, dans le concret." Après plusieurs expériences, notamment en management de transition, elle est finalement débauchée par le président de la Confédération Nationale de l'Artisanat des Métiers et des Services (CNAMS) et se consacre à l'accompagnement dans l'offre de services aux professionnels de l'artisanat. Elle lance notamment une campagne de communication qui vise 300.000 artisans et s’implique pour le développement du dialogue social dans l’artisanat.
En 2013, elle se rapproche du réseau OPCALIA et se consacre au développement d'un produit didacticiel qui vise à lutter contre l'illettrisme. En 2014, Susan Soba retourne dans le secteur de l’aérien et occupe le poste de chef de projet au sein de l’Association de Formation des Métiers de l’Aérien (AFMAé) à Massy en Île-de-France. Elle accompagne la structure dans son projet de transformation et de délocalisation, en vue d’intégrer le pôle d'excellence aéronautique qui doit se construire au Bourget.
Forte de ces différentes expériences et d’un solide bagage technique, Susan Soba revient dans un secteur qui lui est cher, celui de l'artisanat. Cette fois-ci, elle intègre la Chambre de Métiers d'Alsace en tant que directrice de la formation. Elle y gère notamment deux centres de formation d'apprentis avec la plus grosse équipe de la chambre consulaire qui compte 130 collaborateurs. Elle doit notamment piloter un projet de changement important avec l'application de la loi NOTRe - Nouvelle Organisation Territoriale de la République (2015). "Bernard Stalter, président des Chambres de Métiers de France aujourd'hui, m'a fait confiance pour cette mission dont l'idée était de régionaliser les services, de créer une direction formation unique avec tous les services intégrés. [...] c'était un gros challenge managérial".
Après l'Alsace, Susan Soba prend la direction régionale de la formation des Chambres de Métiers et de l’Artisanat de Nouvelle-Aquitaine, avec une dimension plus stratégique et politique. Elle doit coordonner la politique artisanale en matière de formation professionnelle. En application des nouvelles lois applicables aux établissements consulaires et aux centres de formation, elle travaille alors à la préparation de la fusion des établissements, en lien avec les territoires, avec un réseau accueillant plus de 10.000 apprentis et de 130.000 entreprises d'artisanat. Peu de temps après, elle est contactée pour un nouveau challenge : "J'ai commencé l'année 2019 sans savoir que je serai à La Réunion aujourd'hui. Je venais d'un système public, parapublic auquel l'IRT ressemble un peu. Je pense que c'est l'une des raisons pour lesquelles on est venu me chercher. Quand j'ai vu la destination, j'ai accepté de passer l'entretien."
Ses valeurs et ses projets pour La Réunion
Depuis le 5 août dernier, Susan Soba est la nouvelle directrice générale de l'IRT. Pour elle, "le challenge c'est d'augmenter les dépenses touristiques. Ce qui est bon pour l'économie réunionnaise. L'IRT doit participer et être au service de l'industrie touristique locale." Les valeurs qu'elle souhaite mettre en avant sont le collectif, le vivre-ensemble et l'harmonie : "avoir dans un même environnement la mosquée à côté de l'église ou du temple paraît incroyable. C'est un plus pour nous." Elle désire également mettre l'accent sur le respect de la nature et des personnes. "Il faut trouver un bon positionnement pour la destination. Définir une orientation avec les services et le Conseil d'Administration. Tous les acteurs doivent y prendre part." D'un point de vue plus personnel, la directrice générale de l'IRT "carbure aux émotions ! Si on cherche de l'émotion, La Réunion et le tourisme expérientiel s'y prêtent bien."
Pour l'heure, Susan Soba qui a pris ses nouvelles fonctions il y a un peu plus d'un mois, veut notamment se concentrer sur ses équipes mais elle veut également "accompagner la stratégie globale. Il y a une feuille de route et un schéma régional porté par le Conseil Régional au plan touristique et mon rôle est de savoir comment on l'exploite, comment on le rend opérationnel." Elle ajoute : "Il faut donner du sens à l'offre de services de l'IRT avec toutes les parties prenantes. L'IRT est là pour accompagner les professionnels en termes d'offres de services, de conseil, de modernisation, de compréhension de leurs problématiques." Et cela, sans oublier le lien avec les offices de tourisme et la Fédération Réunionnaise de Tourisme (FRT) qui est aussi important. Pour la directrice générale de l'IRT, "ce qu'il faut définir c'est comment on avance ensemble, comment donner son maximum pour se fédérer en interne mais aussi avec les professionnels, la Région, l'opinion publique, les Réunionnais, les artisans, l'économie locale. Tout est lié, tout est systémique. Si au sein du Conseil d'Administration et de l'Assemblée Générale il y a toutes ces parties prenantes, ce n'est pas pour rien. Il faut réussir, dans ce modèle associatif, à s'accorder. Il faut un consensus permanent pour pouvoir avancer. C'est plus long mais le collectif doit primer. Il faut faire passer l'intérêt du collectif avant les intérêts de chacun. C'est ce qui m'intéresse et ce qui ressemble le plus à La Réunion. C'est ce qui me manquait".